Mon oncle Maurice Douek (Z"L), directeur des cultes à la synagogue Ohel Yaacov
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Hommage à mon oncle Emile pour sa sagesse et ses conseils, lors d'une conversation téléphonique hier.
Le Brésil est connu pour être habité par un peuple lusophone à l'accent prolongé et chantant et qui n'a pas relation unique ou référence à la terre européenne portugaise dans son passé colonisateur.
Ce n’est pas un hasard si dans le Sinaguoge situé sur la "Rua da Abolição (ce qui signifie abolition del l´exclavage), nous avons chercher nos racines sépharades avec les Juifs portugais de São Paulo, et c’est dans ce contexte que « la soi-disant Abolition » est loin d’être plus qu'une simple référence pas si loin du quartier où habitait une grande partie des familles juives d'origine égypienne concentrée et habitant la même région dans les années 1960. Je mentionne qu'à côté des identités culturelles, sociales et ethniques, j'ai vu dans les rues voisines et presque adjacentes un lieu de vie juive et ethnique séfarade ou presque. Juifs Égyptien, nous nous rencontrons et reconnaissons dans des zones résidentielles telles que l'Avenida Nove de Julho, la Rua Rocha, la Rua Avanhandava, la Rua Manoel Dutra, la Rua Santo Antônio et bien d'autres encore. Nous savions que dans cet environnement nous pouvions nous reconnaître, semblables, familiers et accompagnés de nos parents et grands-parents, trouvant de plus en plus de juifs et juives beaux et souriants qui dans leurs expressions révélaient une identité culturellement similaire et pionnière, tous prêts à perpétuer une nouvelle vie. à São Paulo au Brésil. C'était mon expérience d'adolescent avec mes cousins et frères et tout le monde savait que nous avions deux points de rendez-vous : la Synagogue de l'Abolition et le club Hebraica non loin de chez nous, par le bus CMTC appelé « Vila Buarque » qui nous conduisent à Rua Iguatemi descendant la Rua Augusta. C'est sur le chemin des rencontres dominicales que la famille s'est multipliée en patronymes aux origines multiples comme Cherez, Iskaki, Levy, Saidon, Catach et bien d'autres encore qui ne me viennent pas à l'esprit (âgé ? certainement pas).
La Synagogue de la Rue “Abolition” a été construite dans les années 1920 et le chant pendant les rituels n'était pas le chant des synagogues du Caire et d'Alexandrie, jusqu'au jour où le Grand Hazan (Z'L) David Succar a apporté la saveur méditerranéenne dans nos cœurs avec son son étendu et sa voix au chant fleuri essentiellement de racines arabo-juives ; et ce sont les changements de chants joyeux qui ont également amené à ses lèvres le Hazan Elias Mizrahi (Z”L) qui s'est immédiatement réjoui à sa manière particulière et attentionnée. Le rite renouvelé est devenu plus oriental, venu du Maghreb, de Tunisie, d'Egypte et de Syrie avec une saveur légère et portugaise d'Isaac Levy (Z'L), directeur du culte. Depuis 1962, la synagogue entretient le « Minyan » nécessaire et nous pouvons maintenant compter plus de six décennies les prières quotidiennes (un Minyan) où mon père David et mes oncles Josué, Maurice et Rafla ont apporté une énorme contribution qui a aussi apporté joie et croissance aux Douek. Ma famille et le reste du quartier résidentiel originaire se trouvent encore aujourd'hui à São Paulo et aussi à l'étranger; en France, en Suisse et aux États-Unis où vivent aujourd'hui mes plus proches.
Ce que nous avons aujourd'hui est également un rapport visuel de la synagogue rénouvelée à deux reprises. Le souvenir d'une grande Menorah, dorée, sur un mur frontal imposant et haut fait de beau marbre, entouré de beaux vitraux, non moins imponants. L'ancienne Synagogue nous a apporté et gardé le sourire aux lèvres alors quand nous portions les sefirot dans un chant joyeux alors que nous nous reconnaissons ensemble, forts et renouvelés à jamais à chaque Shabbat et surtout durant les grandes fêtes... Nous ne vieillirons jamais !
Sami Douek le 24 novembre 2024